24/11/2010

23. Prolongement des symptômes de sevrage

Début de l'année 2009, six mois après le sevrage.

En ce mois de janvier 2009, je ressentais toujours les effets du sevrage. Certes, mes angoisses s'étaient un peu amenuisées et beaucoup de choses s'étaient améliorées comme mon bruxisme (ma mâchoire s'était enfin relâchée ), mais je n'étais toujours pas bien.

Physiquement, les symptômes de grippe avaient également un peu diminués grâce à la pratique de sport.

Je réussis à me rendre dans un fitness non-loin de chez moi deux fois par semaine et ça m'aida beaucoup. En plus de me soulager un peu de mes symptômes de sevrage prolongé tels que les raideurs musculaires et la tension nerveuse, cela me permis de reprendre contact avec le monde réel.

Passer plusieurs années recluse dans mon appartement, m'avait fait perdre le contact avec la société et avec les gens.

Bien sûr, cela n'était pas facile de sentir leurs regards un peu surpris par l'abondance de ma transpiration lors des séances de fitness, mais j'essayais de me dire qu'ils ne me jugeaient pas la-dessus.

Quoiqu'il en fût, l'exercice physique me permit d'atténuer mes symptômes et je continuais avec entrain à me rendre à la salle de sport. Même mes douleurs dorsales s'apaisèrent, j'avais moins mal au dos et surtout à la nuque.

Je commençais également à manger différemment, car depuis le début de mon sevrage en automne 2007 je ne m'étais nourrie que de produits laitiers et de céréales, car rien d'autre ne passait.

Je me remis donc à manger des légumes et de la viande et à boire du café et du coca light.

Tout se passa bien jusqu'en août 2009 où subitement je fus terrassée par une série d'attaques de panique. J'essayais tant bien que mal de ne pas me laisser envahir par l'angoisse, mais je n'y parvins pas.

Avec ce retour d'anxiété, j'eus de plus en plus de mal à supporter les douleurs physiques toujours présentes.

En plus de cette rechute, je dus faire face à un déménagement. Certes cela faisait longtemps que mon conjoint et moi cherchions une nouvelle maison, mais là, ça n'était pas le moment. Avec ce retour d'angoisses, je n'étais pas au meilleur de ma forme pour changer d'environnement.

Au mois de novembre 2009, nous déménagions dans notre nouvelle maison. Je n'eus pas la force de me rendre à la salle de sport et je me retrouvais à nouveau enfermée chez moi à cause de mon agoraphobie.

Les symptômes de sevrage prolongé se rappelèrent avec force à mon bon souvenir.

A nouveau je me retrouvais dans cet état semi-grippal. Les tensions musculaires étaient fortes, les suées abondantes et les problèmes gastro-intestinaux très présents.

Mon sommeil était peuplé des rêves étranges, presque réels, ce qui m'angoissait beaucoup. J'appris plus tard que la plupart des psychotropes suppriment une des phases du sommeil et qu'à l'arrêt de ceux-ci cette phase revient et se manifeste par le retour des rêves et des souvenirs. C'est en fait les branchements dans le cerveau qui se refont et permettent d'avoir à nouveau accès à la mémoire et plus particulièrement aux souvenirs.

Mes sens étaient aussi en ébulition. J'avais beaucoup d'acouphènes, je voyais encore un peu plus les contrastes et je ressentais des sensations bizarres tout le long de ma peau ( fasiculations, fourmillements, décharges électriques,...).

Toutes ces sensations me perturbèrent énormément et surtout m'angoissèrent.

Toute cette angoisse ne faisait qu'alimenter mon agoraphobie et je faisais jusqu'à cinq attaques de panique par jour.

Pendant plusieurs mois, de novembre 2009 à avril 2010, je vécus dans la peur, l'angoisse et la terreur. Une nouvelle dépression fit son apparition et j'eus de plus en plus d'idées noires. Je ne me voyais plus d'avenir, car malgré le fait que je ne consommais plus d'antidépresseurs ni d'anxiolytiques et encore moins de neuroleptiques, je ressentais toujours leurs effets secondaires sous la forme du syndrome de sevrage prolongé et mes peurs en avaient été décuplées. Je ne me sentais pas capable de supporter cette angoisse permanente toute ma vie.

Il fallait que je trouve une solution pour me soulager de cette anxiété avant qu'elle ne me pousse à commettre l'irréparable.

Bien évidemment, je songeais tout de suite à la solution de facilité: reprendre des médicaments psychiatriques!

Mais avais-je le droit de gâcher tous mes efforts pour les arrêter en en reprenant maintenant avant d'être absolument sûre qu'il n'existe pas d'autres moyens de lutter contre ces angoisses?

Non, je n'avais pas le droit de replonger, je devais trouver une autre solution.

Je cherchais donc des personnes aptes à m'aider, les psychiatres n'en faisant pas partie, je me tournais vers les psychologues.

Au cours de mes lectures, j'avais constaté que nombre de personnes angoissées qui avaient entamé une thérapie cognitive et comportementale avaient obtenu de bons résultats.

Je me dis que je devais chercher une solution de ce côté là.

Je trouvais l'adresse d'une psychologue spécialiste des troubles panique et pratiquant la thérapie cognitive et comportementale non-loin de mon nouveau domicile.

Après avoir pris rendez-vous, je me rendis à sa consultation. Elle me parut très compétente, malgré sa tendance à me pousser à consulter son médecin de mari pour des bilans sanguins. Je refusais d'ailleurs immédiatement de le voir pour la simple et bonne raison que je n'avais pas les moyens de le payer à cause des termes de mon assurance maladie qui stipluaient le nom du médecin généraliste chez qui je devais me rendre. Cette clause (choisir un médecin de référence) m'avait permis de faire baisser mes primes, ce qui m'était d'une grande utilité depuis qu'on m'avait retiré mes prestations complémentaires qui payaient tous mes frais médicaux.

Malheureusement, à cause de mes attaques de panique, je n'arrivais pas à me rendre seule aux consultations de cette psychologue. Je devais demander à mon conjoint de m'y conduire et en ce mois de mai 2010, il avait très peu de temps. Il me dit de reprendre rendez-vous au mois de juillet afin qu'il ait plus de temps pour m'y amener.

Je téléphonais donc à la psychologue pour annuler mon deuxième rendez-vous auquel mon conjoint ne pouvait pas m'emmener et pour lui demander de me refixer un ou plusieurs rendez-vous au mois de juillet. A ma grande surprise elle s'énerva et me dit que je devais faire un effort pour venir à des rendez-vous réguliers à partir de maintenant sinon elle ne m'aiderait pas.

Je me dis que pour une spécialiste des attaques de panique et de l'agoraphobie, elle devait bien mal connaître son sujet pour ne pas comprendre que j'avais une peur panique de sortir seule de chez moi.

Je ne repris pas de rendez-vous...

Je me retrouvais de nouveau au point de départ: Où trouver de l'aide pour vaincre mon angoisse et mon agoraphobie?

Bien que complètement abattue, je me remis à la recherche d'une solution.

 

... à suivre

 

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Définition Wikipédia:

 

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) regroupent un ensemble de traitements des troubles psychiques (phobies, addictions, psychoses, dépressions, troubles anxieux…) qui partagent une approche selon laquelle la thérapeutique doit être basée les connaissances scientifiques issues de la psychologie expérimentale et obéir à des protocoles relativement standardisés. Les TCC ont pour particularité de s'attaquer aux difficultés du patient dans "l'ici et maintenant" par des exercices pratiques centrés sur les symptômes observables au travers du comportement et par l'accompagnement par le thérapeute qui vise à intervenir sur les processus mentaux dits aussi processus cognitifs, conscients ou non, considérés comme à l'origine des émotions et de leurs désordres. La standardisation de la pratique des TCC a contribué à la reconnaissance de leur efficacité par leur caractère reproductible qui est une des exigences de la démarche scientifique.

 

 

Trackbacks

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Commentaires

Bonsoir,

Bravo pour votre courage ! Ce que vous avez eu à endurer toutes ces années, avant, pendant, après le sevrage, est horrifiant ... Merci d'avoir eu la force de témoigner sur ce sujet, et encore chapeau bas pour cette volonté que vous démontrez mois après mois, avec somme toute très peu de soutien (et manifestement aucun soutien de la part des professionnels de santé - je pense à cette comportementaliste dont l'attitude est indigne d'un soignant, et montre l'inanité de nos méthodes de soin en matière de troubles psychiques).

En êtes-vous enfin sortie ou vous reste-t-il des symptômes de sevrage ?

Cordialement,

Corinne

Écrit par : Corinne | 25/11/2010

Oui, je m'en suis enfin sortie et je n'ai plus aucun symptôme de sevrage.

J'en reparlerai plus tard.

Merci encore à toutes et à tous pour vos commentaires.

Cordialement,
Carole

Écrit par : Carole | 25/11/2010

Bonjour Carole,
Vous parlez de Relaxane... j'ai regardé sur le net... le trouve-t-on en France ? ce sont des plantes ? je suis en sevrage et ai un gros problème d'insomnie. Pensez-vous que cela pourrait m'aider ?
En regardant sur le net au mot Relaxane, j'ai également vu Valverde Sommeil. Connaissez-vous ?
Merci pour votre réponse, et en tous cas, bravo pour votre formidable parcours.
Je suis sur le forum benzos également...
Carole (France)

Écrit par : Carole (France) | 29/11/2010

Bonjour Carole,

Le Relaxane est un médicament phytothérapeutique à base de racines de pétasite, de racines de valériane et d'herbes de mélisse et de passiflore.

Une amie française m'a dit que le Relaxane pouvait être comparé à l'Euphytose en France.

Je pense que ça peut vous aider, mais un petit peu car l'insomnie due au sevrage est particulière.

Voici ce qui est écrit sur la notice d'emballage:
"Relaxane comprimés pelliculés sont utilisés lors des troubles suivants: nervosité, états de tension et d'inquiétude, peur des examens. Ces troubles peuvent se présenter entre autres sous la forme de troubles gastro-intestinaux de type crampes, d'excitabilité exagérée et de troubles occasionnels de l'endormissement et du sommeil."

En ce qui concerne le médicament Valverde Sommeil, j'en ai déjà entendu parler, mais je ne l'ai jamais essayer.

Les principes actifs de ce produit sont les racines de valériane et un extrait sec de cônes de houblon. "Valverde Sommeil est indiqué pour les troubles de l'endormissement et du sommeil, ainsi que pour le sommeil agité."

Merci pour votre commentaire.

Cordialement,
Carole

Écrit par : Carole | 29/11/2010

Carole,je tombe ce matin sur votre blog,pourrions nous parler en privé?
je souffre d'attaque de panique et d'agoraphobie depuis 20 ans.
c'est très important pour moi.
merci

Écrit par : miel | 11/12/2010

Bonjour Carole,

J'ai eu connaissance de l'existence de ce blog par l'intermédiaire de Nicole, forumeuse du site sur le sevrage des benzos (benzo.forumactif).
Je me suis donc mise à la lecture de votre parcours...

Je suis sincèrement admirative de cette force de caractère et de ce courage dont vous avez fait preuve lors de ce parcours du combattant... les gens ne s'imaginent pas à quel point c'est difficile, pas même les médecins qui méconnaissent ou pire encore, nient le phénomène de dépendance que génèrent les AD et anxiolytiques!
Merci pour cette note d'espoir, merci pour ce témoignage...

J'aimerais beaucoup échanger avec vous concernant votre vécu, qui fait écho au mien... si cela ne vous dérange pas d'en parler évidemment.
Je suis pour ma part sur le point de redémarrer mon sevrage (Effexor 37,5), que j'avais commencé en septembre mais qui s'est mal passé... j'en ai été contrainte à revenir à ma dose de départ.
Je ne vais pas m'étendre sur mon histoire ici mais j'accepterai volontiers d'en parler, d'échanger avec vous car nous avons un parcours qui se ressemble... et ça fait tellement de bien de rencontrer des gens qui s'en sont sortis!!

Merci encore pour ce blog.
En attente de vos nouvelles, je continuerai à parcourir ce blog pour y puiser de l'espoir...

Aurélie

Écrit par : Aurélie | 27/12/2010

Bonjour,

J'ai eu l'adresse de votre blog par une fille avec qui je discute par message et qui est sur un autre site...
Très contente de voir qu'on puisse s'en sortir...ca donne du courage, bien que j'en ai pas été au meme stade que vous, mais c'est vrai quand on est pas bien, ca aide de lire que d'autres s'en soit sorti aussi. Moi sous effexor 37.5 sur une periode de 2ans et demi,avec un arret de 1 mois en mai 2009, mon médecin voulait que je le reprenne car après 1 mois d'arret complet j'ai été pris de grosse fatigue vertige, plus pouvoir parler essoufflement...grave erreur que j'ai faite de le reprendre je dirais, car depuis c'était l'horreur...
Nouvelle tentative d'arret et définitive, car je ne souhaite pas reprendre (mon doc en pense pareil), de juillet à 01/11/10...tous se passe relativement bien durant le sevrage (disons que j'ai toujours était mieux lors des sevrage, pas logique mais bon), mais là depuis début décemebre, douleur enorme de dos, vertige perte d'equilibre maux de tete et surtout chute de tension avec pouls haut, qui m'handicape beaucoup (que j'avais aussi depuis que j'avais repris, mais ca avait bien diminué lors du sevrage)....angoisse (disons plutot consequence de mes symptomes)...pensées bizarres (plutot courant novembre)...Je me dis que ca va passé, comme beaucoup l'ecrivent...

Je voulais savoir, je lis que vous arriviez à faire du sport, donc vous n'étiez pas essoufflé ou epuisé au moindres effort, car moi le sport qu'est ce que j'aimerai en refaire, mais depuis que j'ai repris ce médocs après mon premier sevrage, je peux rien faire, car direct les yeux qui me font très mal, la tete qui gonfle et l'impression de tomber...
Bon en tout les cas votre blog est super...
Anne

Écrit par : anne | 31/12/2010

Bonjour Anne,

Pour la pratique du sport après le sevrage, ça n'a pas été évident malgré le fait que j'ai toujours été une personne sportive.

Pendant ces 13 années où j'ai été sous anxiolytiques et/ou antidépresseurs, j'ai toujours pratiqué une activité physique, même si cela était très dur.

Les deux dernières années qui ont précédé mon sevrage et pendant la période de sevrage, j'ai été incapable de pratiquer une quelconque activité physique à cause de l'état dans lequel m'avaient plongée les médicaments.

J'ai recommencé la pratique d'une activité physique en janvier 2009, soit six mois après la fin de mon sevrage. Ça a été très très difficile. J'avais des problèmes d'équilibre, de maux de tête, d'absences, de coordination et de transpiration. J'avais de grosses douleurs musculaires et beaucoup de crampes. J'avais aussi de grosses nausées et des problèmes d'intestin.
Les angoisses étaient également présentes et le manque de motivation et les idées bizarres me "tiraient en bas".

Lorsque j'ai repris le sport, je faisais une petite demie heure de stepper à un rythme très lent. Le but que je m'étais fixé était de sortir de chez moi et d'aller une fois par semaine faire du sport pour reprendre contact avec mon corps.

Il fallait que je me fixe un jour et une heure dans la semaine et que je m'oblige à y aller, sinon je ne faisais plus rien. Le manque de motivation, les angoisses, la déprime, les idées noires et surtout les problèmes physiques me plombaient tellement le moral que je devais me faire violence (comme dirait ma grand-mère) pour trouver la force et l'énergie d'aller marcher 30 minutes sur un tapis de sport.

Au début, c'est très difficile. Il m'a fallu plus d'une année pour retrouver une pratique du sport agréable.

Voilà, j'espère que vous persévérerez dans la pratique d'une activité physique. Il n'y a pas besoin que ce soit une activité exigeante, au départ la pratique d'une marche hebdomadaire est à mon avis, le choix le plus adapté à la reprise d'une activité phsyique.

Bon courage, ne baissez pas les bras, car c'est à force de persévérance qu'on parvient à surmonter cette difficile épreuve.

Cordialement,
Carole

Écrit par : Carole | 31/12/2010

Merci beaucoup pour ce message, c'est vrai que les envies n'y manque pas de vouloir faire du sport ou une activité physique avec mes enfants et mon mari, mais bon c'est vrai que les vertiges viennent très vite et ses yeux qui gonflent (sans doute tout est lié à la tension), mais bon je n'ai jamais perdu l'envie de faire quoi que se soit, même si mon corps m'empêchaient de le faire...
Je vais continuer à lire tous les dossiers de votre blog, qui est très intéréssant...

Et bon réveillon!!

Cordialement
Anne

Écrit par : anne | 31/12/2010

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